Alors que Mero et Sven continuent à superviser la reconstruction du quartier près du fleuve et à gérer leurs obligations à l’école Impériale de Mor, une lettre parvient entre les mains de Mero un matin gris d’automne. L’enveloppe scellée d’un cachet de cire rouge orné porte le sceau familier de Mandarine. Le papier, légèrement jauni et marqué par les embruns d’un long voyage, exhale une odeur subtile de sel et de bois fumé, un parfum qui évoque instantanément les rivages sauvages de son ?le natale.
Mandarine a écrit quelques mots simples mais empreints de sa malice habituelle : un "Bon anniversaire en retard" griffonné d’une plume rapide, presque insolente dans son retard assumé. Un sourire discret se dessine sur les lèvres de Mero à la lecture de ces lignes, une lueur amusée traversant son regard noisette. Elle a eu sa vengeance, pense-t-il, une petite revanche sur un oubli passé – peut-être ce paquet qu’il avait envoyé avec un retard semblable lors de son propre anniversaire. Mandarine possède cette manière unique de marquer ses rébellions, un jeu délicat qui ne manque jamais de charme, même dans sa simplicité. Il est rare que quelqu’un ose ainsi jouer avec ses émotions, et il savoure cette complicité légère qu’elle insuffle dans son message, un fil ténu mais solide qui les relie malgré la distance.
Le bureau où Mero lit cette lettre est un havre de calme au sein de l’école, une pièce aux murs lambrissés de bois sombre poli par les ans, où des étagères croulent sous des volumes reliés de cuir et des cartes roulées aux bords jaunis. Une haute fenêtre à meneaux donne sur la cour intérieure, ses vitres légèrement embuées par l’humidité matinale laissant filtrer une lumière pale qui éclaire la table encombrée de parchemins – plans de reconstruction, rapports de la commission, bulletins à valider. Une cheminée de pierre noire, où un feu crépite doucement, projette des ombres dansantes sur les murs, réchauffant l’air chargé d’une odeur de cire fondue et d’encre fra?che. Le sceau brisé de la lettre repose sur la table, son éclat rouge contrastant avec le bois lisse, tandis que Mero tient le papier entre ses doigts, presque comme s’il pouvait y percevoir le rire de Mandarine dans les courbes de son écriture. Même sans le baiser au rouge à lèvres qui orne parfois ses missives, cette signature discrète est empreinte de son essence, une présence qu’il ressent avec une acuité douce-amère.
Sven, occupé à ajuster une carte sur un mur voisin, lève un sourcil en remarquant le sourire de Mero. ? Une bonne nouvelle ? ? demande-t-il, sa voix résonnant dans la pièce avec une pointe de curiosité.
? Mandarine ?, répond simplement Mero, pliant la lettre avec soin avant de la ranger dans un tiroir de la table, son bois marqué par des années d’usage. ? Elle ne manque jamais de me surprendre. ?
Ses pensées s’attardent sur cette lettre, oscillant entre amusement et une tendresse plus profonde. Va-t-il lui répondre immédiatement, ou laisser ce message planer dans l’air comme une note suspendue, un défi silencieux à son tour ? L’amour grandissant qu’il porte à Mandarine, un sentiment qui s’est enraciné au fil de leurs échanges et de leurs silences, transcende ces petites taquineries. Il décide finalement de lui répondre, non pas avec des mots seuls, mais avec un geste réfléchi. Il choisit de lui envoyer un petit paquet contenant le collier qu’il a acheté sur l’?le volcanique, un bijou délicat qu’il a déniché dans une échoppe d’Aiguille, au c?ur du marché vibrant de l’?le.
Le collier repose dans une bo?te de bois poli, ses parois sculptées de motifs marins – vagues stylisées et poissons aux écailles délicatement gravées – un écrin qui évoque les rivages de Sel. à l’intérieur, sur un lit de velours vert sombre, le bijou scintille : une cha?ne fine en argent, ornée d’un pendentif en pierre volcanique noire, polie jusqu’à refléter la lumière comme un éclat d’obsidienne, enchassée dans une monture d’argent torsadée évoquant les lianes de la jungle tropicale. Ce n’est pas un simple cadeau, mais une part de lui, un souvenir tangible de leur aventure partagée, une trace de l’affection qui s’épanouit dans son c?ur. Le paquet, soigneusement préparé avec un ruban de soie bleu nuit noué autour de la bo?te, est accompagné d’une lettre qu’il rédige au coin de la table, sa plume grattant le papier dans un bruissement léger, l’encre noire s’écoulant en lignes nettes sous la lumière vacillante des chandelles.
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Le geste est délicat, réfléchi, et chargé d’une intention qui dépasse les mots. Cette offrande symbolise un lien plus profond, tissé à travers les silences et les gestes, une affection qu’il matérialise ici avec une attention sincère. Alors qu’il scelle le paquet avec un cachet de cire marqué du trident de Sel, il se demande si ce collier ravivera en Mandarine les flammes d’un sentiment qu’il n’a jamais complètement vu s’éteindre, ou s’il évoquera des souvenirs précis de leur voyage – les plages de sable d’argent sous un soleil br?lant, le grondement lointain du volcan, les vagues turquoise caressant les rivages tropicaux.
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Mero entreprend de lui raconter en détail leur aventure sur l’?le volcanique, sa plume glissant sur le papier avec une vivacité qui reflète son enthousiasme. Il décrit la forme singulière de l’?le, semblable à un papillon déployant ses ailes sous le ciel éclatant – l’aile nord-est, aride et parsemée de buissons épineux aux teintes ocre, contrastant avec l’aile sud-ouest, luxuriante et dominée par le volcan dont les flancs s’élevaient, sombres et imposants, couronnés de fumée grisatre. Il lui peint les paysages qu’ils ont découverts : les plages de sable fin scintillant comme des éclats d’argent sous le soleil implacable, bordées de vagues turquoise qui clapotaient doucement contre des rochers noirs polis par l’océan ; la jungle tropicale aux arbres immenses, leurs troncs noueux drapés de lianes vertes, abritant des oiseaux aux plumes éclatantes dont les chants résonnaient dans l’air humide ; le volcan lui-même, grondant comme une bête endormie, ses pentes abruptes striées de coulées de lave refroidie et ses cratères exhalant une odeur acre de soufre qui flottait dans la brume matinale.
Il lui confie que cette ?le, bien que lointaine et différente, lui a rappelé en certains endroits sa ville pirate – un lieu où le danger c?toie la beauté, où les ruelles étroites bordées de tavernes aux toits de chaume délavé s’ouvrent sur des quais animés par les cris des marins, où l’Océan Vert s’étend à perte de vue, scintillant sous un ciel d’azur traversé de nuages effilochés. Ces similitudes, écrit-il, ont ramené ses pensées vers elle, même au c?ur de l’aventure, tissant un lien entre l’?le volcanique et les rivages sauvages qu’elle appelle son foyer. Les mots qu’il trace sur le papier se teintent d’une note personnelle, révélant des sentiments plus intimes et profonds qu’il ne nomme pas entièrement, laissant à Mandarine la liberté de les percevoir dans les silences entre les lignes.
Il évoque les émotions que cette expédition a éveillées en lui, des sentiments amoureux qu’il transmet avec une retenue délicate, sans tout dévoiler. Il lui décrit la chaleur du sable sous ses pieds, la brise salée caressant son visage, et la sensation de liberté qui l’a envahi sur ces plages tropicales, mais il glisse subtilement que ces instants auraient été plus doux encore s’il avait pu les partager avec elle. ? J’aurais aimé être avec toi au bord de cette plage ?, écrit-il, sa plume s’attardant sur ces mots comme une caresse, une touche de nostalgie mêlée d’espoir. Il lui peint la scène avec une sincérité qui transpara?t dans chaque ligne – les vagues turquoise roulant doucement sur le rivage, leurs crêtes blanches scintillant sous le soleil br?lant, le sable d’argent s’étendant à perte de vue jusqu’à la lisière de la jungle, où des palmiers aux frondes inclinées projetaient des ombres mouvantes sur le sol doré.
Cette plage devient presque un symbole dans ses mots, un lieu de tranquillité et de beauté pure où il imagine leurs pensées se mêlant aux rêves l’un de l’autre, un espace d’intimité qu’il n’a pu vivre qu’en esprit. Les rues de la ville pirate de Mandarine, avec leurs tavernes aux murs de bois délavé par le sel, leurs quais bordés de navires aux voiles rapiécées, et leurs marchés bruyants où les marchands vantent des poissons aux écailles argentées, résonnent dans son esprit comme un écho de ce lieu sauvage. Il lui offre ce message, léger mais chargé de c?ur, comme une invitation à partager un jour un tel moment – sentir la mer à ses c?tés, marcher sur le sable chaud, et peut-être rêver ensemble d’un avenir dans un endroit aussi libre et vivant.
Le paquet qu’il prépare avec soin – la bo?te de bois sculptée, le collier niché sur son lit de velours, le ruban de soie bleu noué avec précision – accompagne cette lettre, un geste qui combine la réalité de leur aventure à l’?le volcanique et le souhait d’un lien plus profond. Lorsqu’il scelle le tout avec un cachet de cire marqué du trident de Sel, l’odeur de la cire chaude emplissant la pièce aux murs lambrissés, il imagine Mandarine recevant ce présent dans sa ville pirate, entourée des tavernes aux lanternes vacillantes et des quais où les vagues clapotent contre les coques des navires. Il espère que ce collier, avec sa pierre volcanique noire scintillant dans l’argent torsadé, ravivera en elle une flamme qu’il n’a jamais vue s’éteindre complètement, un feu qu’il nourrit en silence depuis leur dernière rencontre.
Sven, qui a repris sa place près de la fenêtre, observe Mero plier la lettre avec soin, un sourire amusé jouant sur ses lèvres. ? Elle te tient encore, n’est-ce pas ? ? dit-il, sa voix résonnant dans la pièce avec une pointe de taquinerie.
Mero lève les yeux, une lueur espiègle traversant son regard. ? Elle ne m’échappe jamais tout à fait ?, répond-il, glissant le paquet dans une sacoche de cuir usé posée sur la table. ? Et je ne compte pas la laisser faire. ?