Je sens mon corps s’agiter dans tous les sens. C’est comme si quelqu’un avait peur que je ne puisse pas me réveiller et s’est donné pour mission de me tirer des bras de Morphée. Ce qui est étonnant étant donné que je vis seule. Mais un bruit fracassant, me donne la sonnette d’alarme et je me réveille aussit?t.

  La scène devant moi, me fait l’objet d’une douche froide. Ma bibliothèque est par terre. Mes livres, mes tableaux et cadres photos jonchent le sol.

  Tout autour de moi semble trembler: le lit, le plafond et les murs. Devant moi, mon armoire pourtant fixée par des équerres est à deux doigts de lacher.

  Je sors sans tarder du lit, j’agrippe mon portable et me précipite vers la porte de ma chambre. En agrippant la poignée, j’entends des bruits de craquement venant de sous mes pieds. A peine ai-je le temps de baisser le regard, que je vois le sol se fissurer puis s'agrandir à une vitesse éclair. La sensation de tomber m’envahit. Je ferme immédiatement les yeux en prévision de l’impact et de la douleur qui va suivre. Je ne veux vraiment pas mourir. C’est beaucoup trop t?t. Ce sont mes dernières pensées.

  Du moins, je l’aurais cru. L’impression que je vais finir en purée de chair humaine s’est juste évaporée ; et la douleur attendue n’est jamais arrivée. à la place du béton dur, je crois bien que je suis allongée sur un lit. Un tout petit peu trop moelleux à mon go?t.

  J’ouvre mes yeux et m'assois. M’attendant à me retrouver à l'h?pital, je déchante très vite.

  Je suis dans une chambre beaucoup plus petite que la mienne. Elle doit faire probablement moins de 9 m2 ; composée d’un lit simple, d’une petite armoire ainsi que d’un bureau comportant un ordinateur portable. J’ai le sentiment d’être dans une prison. Je dois dire que l’absence de fenêtre y est pour beaucoup.

  Je sens une forte odeur d’alcool présente dans l’air, et qui semble aussi sortir de mes orifices à mesure que je respire. Les 4 bouteilles vides de vodka près de moi doivent être les fautives. Cependant, je n’ai aucun souvenir d’avoir consommé de l’alcool. Ni le souvenir qu’une longue période se soit écoulée entre le moment où je suis tombée et celui où j’ai ouvert les yeux. D’ailleurs, où est-ce que je suis ? Je lève la tête pour regarder le plafond et l’absence de trou m’affole sur-le-champ.

  La panique me submerge et j’ai de plus en plus de mal à respirer. Ma gorge est comme comprimée. Cette odeur d’alcool ne m’aidant pas, au contraire, celle-ci me provoque des haut-le-c?ur. Je pose mon index et mon majeur sur mon artère radiale gauche pour écouter mon pouls. J’inspire et j’expire lentement tout en écoutant mes pulsations pour me calmer. La vue de vêtements inconnus ne m’aidant pas du tout. Je réitère l’exercice jusqu’à ce que mes battements reviennent peu à peu à la normale.

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  Une méthode pour gérer mon stress et un dipl?me d’aide-soignante. Ce sont bien les seules choses positives que mon unique année d’étudiante infirmière m’a apportées.

  Une fois un peu plus détendu. Je sors du lit. J’hésite à sortir de la chambre. Debout au centre de la pièce, je me mets à réfléchir à ma situation. J’étais censée mourir, finir très handicapée ou encore dans le coma, mais je suis en vie. Du moins, je l’espère. Je ne peux pas être un fant?me quand même. Si c’était le cas, je hanterais probablement des lieux familiers.

  à la place d’un h?pital, je me retrouve dans un endroit inconnu. Je n’ai pas l’impression d’avoir été inconsciente. à moins d’être devenue Hiro Nakamura, comment expliquer ce changement de lieu en quelques secondes ? Ou encore je me suis peut-être fait kidnapper par quelque chose de magique ? Rien que d'y penser, je me sens complètement idiote. Ce n’est pas comme si j’étais dans une série fantastique. Et si la magie existait vraiment, je pense que les gens le sauraient. Sans doute…

  Quelles possibilités n’ai-je pas envisagées ? Est-ce que je fais un rêve très réaliste ? Dans ce cas, mon cerveau, si tu m’entends, je pense qu’il est temps que tu me réveilles. Sans surprise, il ne se passa absolument rien.

  Suis-je vraiment morte et en enfer ? Parce que j’imagine qu’au paradis je ne serai pas alcoolique. Si c’est ?a l’enfer, c’est un peu léger vu le manque de feux et de torture.

  Tout à coup, un DING résonna dans la pièce et un écran bleu s’afficha devant moi. J’hurle et m'éloigne rapidement, mais sans succès. Cet écran semble suivre la trajectoire de mon regard. Je savais qu’il y avait une explication fantastique à ma situation, mais entre le savoir et l’accepter, il y a tout un fossé.

  Espérant que ce soit un hologramme, je rapproche ma main avec l’envie qu’elle passe à travers. Je suis dépitée. C’est bien un écran, ?a ne me rassure pas du tout. J’aurais préféré que ce soit un hologramme, au moins c’est scientifique. Je ne me suis tout de même pas fait kidnapper par des aliens ? Quitte à pousser l’absurdité de la situation à l’extrême.

  Je me ressaisis et me concentre enfin sur cet écran et notamment sur le texte affiché.

  ? Aurore Vernier, je vous présente toutes mes excuses. Suite à une erreur de ma part, vous êtes malheureusement décédée alors que vous n’étiez pas supposée l’être. Il m'est impossible de vous faire revivre dans votre monde d’origine. C’est pourquoi, après accord de mon supérieur, nous avons trouvé dans un monde parallèle une autre version de vous, venant de s’éteindre. Pour faciliter votre intégration dans ce monde, vous allez recevoir tous les souvenirs d’Aurore Mazet. J’espère que vous saurez profiter de cette nouvelle vie offerte. ?