Le silence retomba sur la Plaine du Jugement, interrompu seulement par le crépitement paresseux des dernières étincelles autour de la cage de foudre. Haruka fixait le point où avait disparu le vestige. L’air, chargé d’ozone, portait encore la mémoire du combat, comme si le sol lui-même refusait d’oublier.
Derrière lui, Akira restait immobile, le regard tourné vers l’est, là où une nouvelle menace s’approchait.
— Ils sont trois, murmura-t-il, les yeux plissés. Pas des reflets. Pas des marionnettes. Des vivants.
Haruka sentit un frisson lui parcourir l’échine. C’était différent cette fois. Ce n’étaient plus des épreuves orchestrées par Ka?ron pour le briser ou le manipuler. Non. C’étaient des adversaires réels, élus comme lui, tirés de leur propre monde, et qui avaient choisi un autre chemin. Certains pour survivre. D’autres... par simple ambition.
Le vent souffla, et dans le sillage d’un éclair lointain, les trois silhouettes apparurent.
Ils marchaient c?te à c?te, leur présence seule faisant vibrer l’air.
Le premier, grand, musclé, torse nu malgré le froid mordant, portait sur son dos une immense hache criblée de runes. Sa peau était couverte de cicatrices et de tatouages mystiques. Ses yeux, jaunes comme ceux d’un loup, ne lachaient pas Haruka d’une semelle.
— Tora, dit Akira à voix basse. L’élu de la Force Primordiale. Survivant de la quatrième sélection. Il a écrasé ses rivaux à mains nues.
à sa droite se tenait une jeune femme au regard translucide, presque absent. Elle tenait dans ses mains une sphère flottante, gravée de symboles célestes. Ses pas étaient si légers qu’elle semblait glisser sur le sol.
— Mizuki. élite de la 42e vague. Capacité : manipulation des illusions et distorsion du temps. Elle n’a jamais été blessée. Jamais.
Le troisième était plus discret, enveloppé dans une grande cape noire qui dissimulait son visage. Mais de lui émanait une aura froide, comme si la vie elle-même refusait de l'approcher. Lorsqu’il leva légèrement la tête, Haruka distingua deux yeux... sans pupilles.
— Le dernier... je ne le connais pas. Akira fron?a les sourcils. C’est mauvais signe.
Les trois s’arrêtèrent à une dizaine de mètres. Tora prit la parole en premier, sa voix résonnant comme un marteau.
— Amemiya Haruka. L’héritier désigné. Le futur Ka?ron. Il cracha au sol. Je suis venu pour te tuer.
Haruka ne broncha pas.
— Je suppose qu’on ne va pas discuter ?
Tora rit, un son grave et guttural.
— Tu crois que tu es le premier à te penser spécial ? Tu n’es qu’un pion de plus. Nous venons mettre fin à ta petite rébellion avant qu’elle ne pourrisse le jeu.
Mizuki parla sans émotion.
— Ton existence crée une anomalie dans l’équilibre du système. En t’éliminant, nous rétablirons l’ordre.
Le troisième, enfin, s’avan?a d’un pas. Sa voix, lorsqu’elle s’éleva, n’avait rien d’humain. Elle résonnait comme une vibration dans la tête de Haruka.
— Tu es le dernier n?ud du cycle. La dernière variable imprévisible. Tu dois être effacé.
Haruka avan?a à son tour. La tension monta d’un cran, l’air lui-même semblant retenir son souffle.
— Je ne suis pas votre ennemi, déclara-t-il. Je suis votre miroir. Vous me combattez parce que vous avez peur de ce que je représente. Mais vous n’êtes pas mes ennemis. Vous êtes... comme moi. Prisonniers.
Tora gronda.
— Je suis libre ! Je vis par ma propre force.
— Non, répondit calmement Haruka. Tu vis parce que Ka?ron te le permet. Moi, je veux briser ses cha?nes. Et si cela fait de moi votre cible, alors je vous affronterai.
Un éclair jaillit dans le ciel.
Et la bataille commen?a.
Tora fon?a droit sur lui, hache levée, un rugissement sauvage aux lèvres. Haruka esquiva de justesse, ses sens en alerte maximale. La puissance brute du colosse faisait trembler le sol à chaque pas. Haruka se dépla?a à la vitesse de la foudre, frappant les flancs exposés de son adversaire.
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Mais Tora encaissait tout. Il riait même.
— C’est tout ?! Je pensais que l’élu du tonnerre frapperait plus fort !
Pendant ce temps, Mizuki s’était volatilisée. Des copies d’elle apparaissaient partout autour d’Akira, créant une confusion totale. Le jeune homme tenta de trancher les illusions, mais chacune d’elles se dissolvait en un nuage d’étoiles avant de réappara?tre ailleurs. La réalité semblait se plier à sa volonté.
Le troisième restait en retrait, mais chaque fois que Haruka lan?ait un éclair, son énergie semblait... absorbée. Annulée.
— Il neutralise mes attaques, gronda Haruka. Il agit comme un siphon.
Akira se téléporta à ses c?tés, haletant.
— On doit séparer leurs forces. S’ils restent ensemble, on ne pourra pas tenir.
Haruka acquies?a. Il se tourna vers Tora, concentrant une énorme quantité d’énergie dans son bras.
— Dis à ton dieu que je ne plierai pas.
Puis il frappa le sol.
Un pilier de foudre jaillit, projetant Tora à des dizaines de mètres. Mizuki recula brusquement, perturbée, et ses illusions se dissipèrent un instant. Ce fut suffisant pour qu’Akira charge vers elle, lame levée.
Le troisième adversaire recula prudemment, observant.
C’était une guerre à trois contre deux.
Mais Haruka le savait. Ce combat n’était pas seulement pour sa survie.
C’était un test.
Et il allait le réussir.
. Cette partie poursuit le combat entamé précédemment, révélant davantage les intentions des ennemis de Haruka… mais aussi la vérité derrière l’un d’eux.Le champ de bataille n’était plus qu’un maelstr?m de lumière, de bruit, et de rage.
La terre était éventrée par les assauts de Tora. Chaque coup de sa hache faisait trembler le sol comme un séisme miniature. Haruka esquivait, roulait, frappait à distance, mais le colosse semblait inarrêtable. Pourtant, ce n’était pas la force de Tora qui inquiétait Haruka. C’était le vide dans son regard.
— Tu ne te bats pas pour survivre, grogna Haruka entre deux éclairs. Tu te bats pour détruire.
— Je me bats pour me libérer, rugit Tora. Et toi, tu es l’obstacle. L’élu désigné. Le pantin préféré du vieux Ka?ron.
— Je ne suis le pantin de personne.
Le tonnerre explosa.
Haruka frappa en rafale. Des arcs électriques cinglèrent l’air, visant les articulations, les points vitaux, les nerfs. Tora accusa le coup, reculant pour la première fois, mais ses lèvres esquissèrent un sourire.
— Pas mal… enfin un peu de sérieux.
à quelques dizaines de mètres de là, Akira affrontait toujours Mizuki. La jeune femme, insaisissable, tissait des illusions si parfaites qu’il en perdait la notion du temps. Il ne savait plus s’il avait combattu cinq minutes… ou une heure.
— Tu cherches à me piéger dans une boucle mentale, c’est ?a ? lan?a-t-il, haletant.
— Tu luttes pour une cause déjà perdue, répondit Mizuki d’une voix monocorde. Tu aurais d? choisir la survie, Akira.
— Je préfère mourir libre.
Il ferma les yeux.
Puis frappa au hasard.
Sa lame heurta quelque chose. Un cri étouffé. Mizuki recula brusquement, et la boucle temporelle se brisa. Le monde retrouva sa cohérence. Le ciel était rouge. L’air br?lait.
Akira sourit.
— Trouvée.
Au loin, Haruka n’avait pas relaché la pression. Il concentrait maintenant toute sa puissance dans un unique point : le c?ur de Tora. Mais le colosse, bien qu’atteint, ne ralentissait pas. Pire, il devenait plus rapide, comme si la douleur alimentait sa fureur.
— Tu ne comprends rien, Haruka, cracha Tora. Ka?ron nous a donné une chance. La force, la grandeur, la liberté. Tu veux briser le système ? Mais sans lui, tu n’es rien !
— Non, répondit Haruka. C’est parce que je suis quelqu’un que je peux briser ce système.
Il frappa.
Un éclair massif tomba du ciel, traversant le corps de Tora dans un fracas assourdissant. Cette fois, le colosse tomba à genoux. Sa hache glissa de ses mains. Il releva les yeux vers Haruka, hagard.
— Tu crois… pouvoir sauver ce monde ? murmura-t-il. Tu es fou.
— Peut-être. Mais je ne suis pas seul.
Derrière lui, Akira rejoignit Haruka, blessé mais debout. Mizuki gisait inconsciente plus loin, enveloppée dans une illusion inversée. Haruka fit un pas vers Tora, qui restait à genoux, le souffle court.
— Tu n’étais pas obligé de te vendre à Ka?ron, dit Haruka.
Tora ricana, du sang aux lèvres.
— Tu n’as aucune idée de ce qu’il m’a pris. Ce qu’il m’a montré. Ce que j’ai d? sacrifier. On ne revient pas en arrière quand on a vu… ce qu’il y a au-delà.
Haruka fron?a les sourcils.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Mais avant que Tora ne puisse répondre, une main glaciale s’abattit sur son crane.
Le troisième adversaire était là. Silencieux. Inattendu. Une aura de mort suintait de lui comme un poison.
— Assez joué, dit-il simplement.
Tora hurla. Son corps se convulsa, se recroquevilla sur lui-même, puis… se désintégra. En poussière. En cendres.
— TORA ! cria Haruka, choqué.
Le troisième releva lentement la tête. Pour la première fois, Haruka put voir son visage.
Et il s’immobilisa.
C’était un enfant.
Un gar?on de treize, peut-être quatorze ans. Petit. Maigre. Le regard vide. Mais ses yeux… ses yeux étaient ceux d’un ancien. D’un être qui avait vu trop de morts pour jamais ressentir autre chose que l’oubli.
— Tu… tu es quoi ? demanda Haruka, le souffle coupé.
Le gar?on tendit la main. Une sphère noire y apparut, absorbant la lumière.
— Je suis la correction. L’ancre. L’équilibre. Là où vous avez des noms, moi je suis une fonction. Un sous-système.
Akira déglutit.
— Il est… il n’est pas humain.
— Exact, dit l’enfant. Je suis un avatar. Un fragment. Ka?ron m’a créé pour neutraliser ceux qui menacent l’équilibre. Vous êtes… un virus.
Haruka serra les poings.
— Tu as tué Tora. Il était ton allié !
— Non. Il était un outil. Il avait atteint ses limites.
L’enfant leva la main.
— Toi, en revanche… tu es toujours utile.
Le monde se mit à trembler.
Une spirale de ténèbres s’ouvrit sous les pieds de Haruka. Akira hurla son nom, mais déjà, le vortex l’engloutissait. L’élu du Tonnerre tenta de contrer le sortilège, mais l’énergie qu’il manipulait se volatilisa. Absorbée. Noyée.
— HARUKA !
Il disparut.